Consommation : la loi alimentation décryptée en 5 questions

Alors que la question du pouvoir d'achat des Français est un point très sensible actuellement, une mesure de la Loi Alimentation vient d'entrer en vigueur le 1er février 2019 et devrait provoquer une hausse des prix sur certains produits de grandes marques. Pour tous ceux qui s'interrogent sur le pourquoi de cette loi, son contenu et ses conséquences, voici un décryptage de la loi alimentation en 5 questions.


1- Pourquoi cette loi ?

La loi alimentation, dont le nom exact est "loi pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et une alimentation saine, durable et accessible à tous" (Egalim), a été promulguée le 1er novembre 2018.
Elle a pour objectif de rééquilibrer les relations entre agriculteurs, industriels et distributeurs.
La question centrale de cette loi est celle de la répartition de la valeur : sur un produit acheté au supermarché, qui touche quoi

2- Que dit la loi ?

La loi alimentation instaure une majoration du seuil de revente à perte sur les denrées alimentaires, ce qui va entraîner une hausse de prix sur certains produits alimentaires.
Jusqu'à présent, les supermarchés pouvaient vendre à perte certains produits d'appel (des produits de grandes marques appréciés par les consommateurs) et compenser le manque à gagner sur d'autres produits, notamment les denrées agricoles.
Désormais, ces enseignes n'ont plus le droit de vendre à prix coûtant ou avec une marge inférieure à 10%. En pratique, si elles achètent au fabriquant un produit à 1€, elles ne peuvent pas le revendre à moins de 1,10€.

Le but de cette mesure est d'empêcher les enseignes de rogner sur les marges sur certains produits alimentaires (le Nutella par exemple) et de compenser sur d'autres produits (comme les pommes), au détriment des producteurs.
En plus de ce relèvement du seuil de revente à perte, la loi prévoit un encadrement plus strict des promotions.
Depuis le 1er janvier 2019, les promotions sur les produits alimentaires ne peuvent pas excéder 34% de leur valeur.
À partir du 1er mars 2019, le volume global des promotions sera limité à 25% du chiffre d'affaires ou du volume prévisionnel d'achat fixé par contrats entre le fournisseur et le distributeur.
La loi interdit aussi le terme "gratuit" dans les promotions, par exemple la formule "1 acheté 1 gratuit".
Ces différentes mesures sont testées à titre expérimental pour une durée de deux ans.

3- Quels produits vont augmenter ?

La loi alimentation ne cible que les produits d'appel, c'est-à-dire les denrées alimentaires fabriquées par les grandes entreprises de l'agroalimentaire et utilisées par les distributeurs dans leurs promotions pour attirer les consommateurs.
Il s'agit par exemple du pastis, du Nutella, du Coca-Cola et des chocolats… Tous ces produits de grandes marques sont au coeur de la guerre des prix que se livrent les supermarchés et les hard discounts.
En revanche, les produits issus directement de l'agriculture n'augmenteront pas.
L'enseigne Carrefour a annoncé une hausse moyenne de 35 centimes par produit sur environ 1000 références vendues jusqu'à présent avec des marges très faibles, entre 0 et 10%.
Michel-Édouard Leclerc prévoit également que 1000 produits augmenteront de 3% dans les supermarchés E. Leclerc.

4- Ces hausses seront-elles compensées ?

La loi alimentation ne va pas mettre fin à la guerre des prix, loin s'en faut ! Les différents distributeurs ont déjà annoncé qu'ils vont compenser les hausses sur les grandes marques par des baisses sur les marques distributeur.
Leclerc a ainsi affirmé qu'il allait baisser les prix des 4600 références de sa Marque Repère en 2019.
Intermarché aussi annonce des baisses de prix sur toutes ses marques propres, ainsi que des promotions en hygiène-beauté et sur le non-alimentaire.
Enfin, les distributeurs devraient aussi "contourner" la loi grâce aux cartes de fidélité et aux bons de réduction offerts sur les produits de grandes marques.
Carrefour a ainsi lancé dès le 1er février une "Prime grandes marques" sur 200 produits, consistant à créditer de l'argent sur la carte de fidélité Carrefour des clients, pour leur redonner du pouvoir d'achat ...
Vous l'aurez compris, la guerre des prix ne fait que se déplacer sur d'autres terrains...

5- Les agriculteurs vont-ils vraiment y gagner ?

L'objectif de la loi est de mieux rémunérer les agriculteurs et les PME agroalimentaires.
On peut ainsi lire sur le site web du Ministère de l'Agriculture (lien en bas de page) :
La loi issue des États généraux de l'alimentation poursuit trois objectifs :
payer le juste prix aux producteurs, pour leur permettre de vivre dignement de leur travail ;
renforcer la qualité sanitaire, environnementale et nutritionnelle des produits ;
favoriser une alimentation saine, sûre et durable pour tous.

Pour garantir un revenu digne aux agriculteurs, la loi prévoit de mieux répartir la valeur et d'opérer une "inversion de la construction du prix" : cela consiste à partir des coûts de production pour définir un prix de base.
Ces mesures seront expérimentées pendant 2 ans pour voir si les agriculteurs en sortent vraiment gagnants.
Or, des enquêtes ont déjà montré que beaucoup de consommateurs sont prêts à payer un petit peu plus s'ils sont sûrs que l'argent revient effectivement au producteur.

Date de création : 2019-02-04
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