Glyphosate : sommes-nous tous contaminés ?

Le glyphosate, herbicide le plus vendu au monde, est aussi l'un des plus controversés. L'association Générations futures a mesuré les traces de ce pesticide, "cancérogène probable" selon l'OMS, chez une trentaine de volontaires. Résultat : 100% des échantillons analysés contiennent cette substance à des taux supérieurs à la concentration maximale admissible pour un pesticide dans l'eau distribuée. Décryptage.


Un herbicide probablement cancérigène

Le glyphosate est la substance active du fameux herbicide RoundUp, le désherbant le plus utilisé au monde, surtout en agriculture.
Les agriculteurs en épandent environ 800.000 tonnes par an dans le monde.
Ce pesticide souvent associé à la culture des OGM a été classé comme cancérigène probable par le Centre International de recherche sur le Cancer (CIRC), une agence de l'OMS, depuis mars 2015.
Pourtant, son utilisation n'a pas été interdite en Europe : faute d'accord entre les Etats membres, la Commission européenne a décidé en juin 2016 de prolonger de dix-huit mois l'autorisation de vente du glyphosate, en attendant les conclusions de l'ECHA, l'Agence européenne des produits chimiques .
L'Union européenne devra décider de réautoriser ou non ce pesticide lors de la présentation d'une nouvelle proposition, fin 2017.

Des traces dans les urines de la population

Pour alerter l'opinion sur les dangers de ce pesticide, l'association Générations futures s'est intéressée aux taux de Glyphosate décelables dans l'urine de 30 volontaires.
Les résultats rendus publics le jeudi 6 avril 2017 ont fait du bruit car 100% des échantillons analysés présentent des traces de cette substance controversée.
Cette analyse est d'autant plus alarmante qu'elle porte sur des individus d'âges différents (de 8 à 60 ans), végétariens ou non, vivant en ville ou à la campagne.
Plus précisément, les volontaires présentent des taux de 1,25 microgramme par litre (µg/l) en moyenne, soit 12,5 fois la concentration maximale admissible pour un pesticide dans l'eau potable.
Ce résultat n'a rien de très surprenant puisque de précédentes études ont montré qu'on en trouve des traces dans l'eau, dans l'air et bien sûr dans notre alimentation.

Des conclusions confirmées par d'autres études

Alors que la polémique enfle autour de cet herbicide, certains dénoncent "un coup médiatique" sans grand fondement scientifique puisque l'analyse en question ne porte que sur 30 échantillons....
François Veillerette, directeur et porte-parole de l'ONG Générations futures le reconnaît volontiers : "il ne s'agit pas d'une étude scientifique" mais plutôt d'une enquête destinée à tirer la sonnette d'alarme.
L'objectif est que "les autorités européennes prennent conscience de l'urgence à agir et interdisent enfin le glyphosate". Il faut dire que ce produit est, depuis deux ans, au centre d'une longue bataille réglementaire au niveau européen.
Pour donner plus de crédibilité à son étude, Générations futures a comparé ses résultats avec ceux d'autres rapports, notamment l'étude Urinale, réalisée en Allemagne sur 2000 volontaires, ou encore celle effectuée sur 48 eurodéputés en mai 2016.
Or, ces analyses ont révélé des concentrations en Glyphosate très proches des chiffres obtenus par Générations futures, avec respectivement des taux moyens de 1,08 µg/l et 1,73 µg/l. On peut donc affirmer sans trop de risques d'erreur que les résultats de diverses études sont concordants.

Les citoyens européens se mobilisent

Habituellement, les réglementations européennes interdisent l'utilisation de pesticides dès lors qu'ils sont classés comme cancérogènes certains ou probables.
En mars 2015, le glyphosate a été classé cancérogène probable pour l'homme par le CIRC. Mais quelques mois plus tard, l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) concluait l'inverse.
L'Agence européenne des produits chimiques (ECHA) a elle aussi estimé que les preuves n'étaient pas assez fortes pour incriminer et interdire ce produit.
En réaction, soixante ONG européennes ont lancé une initiative citoyenne afin de récolter un million de signatures. A ce jour, cette pétition a recueilli environ 630.000 signatures dans l'UE.
Si cette initiative citoyenne parvient à recueillir en une année au moins un million de signatures au total dans sept pays de l'Union européenne, avec un nombre minimum dans chaque pays, la Commission européenne sera contrainte de réagir dans les trois mois et de se prononcer sur le sort de cet herbicide.
A noter : l'initiative citoyenne européenne est une procédure instituée par le traité de Lisbonne (2009). Dans ce cas précis, cette ICE, vise à "proposer aux Etats membres une interdiction du glyphosate, à réformer la procédure d'approbation des pesticides et à fixer des objectifs obligatoires à l'échelle de l'UE en ce qui concerne la réduction de l'utilisation des pesticides".

Date de création : 2017-04-07
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