Le parfum de Grasse : un savoir-faire inscrit au patrimoine immatériel de l'UNESCO

Le 28 novembre 2018, les savoir-faire liés au parfum de Grasse ont été inscrits au patrimoine immatériel de l'humanité par l'UNESCO. Cette reconnaissance internationale va offrir une formidable visibilité médiatique, touristique et économique à ce savoir-faire séculaire.


Une reconnaissance internationale

Il flotte à Grasse un doux parfum... de victoire ! Le savoir-faire de la ville en matière de parfums vient en effet d'être inscrit au patrimoine culturel immatériel de l'humanité le 28 novembre dernier.
Cette inscription des "Savoir-faire liés au Parfum en Pays de Grasse" constitue une reconnaissance prestigieuse et un moment historique pour le Pays de Grasse, la Côte d'Azur et plus largement pour l'ensemble du territoire français.
Elle marque l'aboutissement d'une procédure entamée il y a une dizaine d'années par Jean-Pierre Leleux, sénateur des Alpes-Maritimes, maire honoraire de Grasse et président de l'Association Patrimoine vivant du Pays de Grasse, en collaboration avec les producteurs, maîtres-parfumeurs et transformateurs locaux.
Les savoir-faire distingués par l'UNESCO recouvrent trois aspects différents :
=> la culture de la plante à parfum
=> la connaissance des matières premières
=> leur transformation et l'art de composer le parfum.
Selon Jean-Pierre Leleux, cette inscription au patrimoine culturel immatériel va permettre "d'apporter un éclairage particulier sur notre territoire et de le valoriser".
De multiples projets pourraient ainsi éclore, comme la création d'une pépinière collective, la réalisation de plusieurs inventaires des gestes traditionnels ou encore la création d'itinéraires de découverte touristique baptisés "Chemins parfumés".

Un savoir-faire séculaire

Berceau de la parfumerie mondiale, Grasse a vu naître la parfumerie à partir du XVIe siècle.
À l'époque, ce savoir-faire s'est développé autour des tanneries qui réclamaient des matières premières aromatiques pour apprêter les peaux et parfumer les gants.
La ville azuréenne a en effet gagné ses lettres de noblesse en inventant le gant parfumé, popularisé à la cour de France par Catherine de Médicis.
Aujourd'hui, une soixantaine d'entreprises spécialisées occupent le territoire grassois et réalisent 10% du chiffre d'affaires mondial des senteurs et arômes, avec de grands noms de la parfumerie tels que Fragonard et Molinard ...



Dans le secteur du parfum, la filière va du lycée horticole au master d'université mais "les modes de transmission sont le plus souvent informels. Aucune école ne peut enseigner toutes les subtilités de la distillation, de l'enfleurage ou de l'extraction par solvants", souligne le dossier de candidature, et certains métiers sont menacés.
Il faut sept ans pour former un responsable de distillation, dix pour devenir parfumeur et c'est souvent en famille que se transmettent les connaissances nécessaires à la culture des plantes à parfum.

Un secteur fragilisé

Par ailleurs, les parfums grassois sont aujourd'hui fragilisés par la concurrence internationale et la montée des matières premières de synthèse.
Non seulement les entreprises azuréennes doivent faire face à la concurrence de pays qui produisent à bas coût avec des produits synthétiques, mais elles subissent aussi depuis 70 ans la pression foncière dans la région qui laisse de moins en moins de place à la culture des plantes.
À Grasse, on espère donc que cette inscription au patrimoine immatériel de l'humanité va donner aux parfums grassois une plus grande visibilité sur la scène mondiale.
Elle devrait attirer encore plus de touristes du monde entier et favoriser la protection du patrimoine naturel local, ces fameux champs de roses, mimosa ou jasmin qui sont à l'origine de la création des précieux jus.
Les sols du Pays de Grasse sont propices à la culture des plantes à parfum (comme le jasmin, la rose de mai, la fleur d'oranger, la tubéreuse, l'iris et la violette) et certains grands noms de la parfumerie comme Chanel l'ont bien compris puisqu'ils commencent à réinvestir cette région dans une démarche de sécurisation de leurs approvisionnements.



Une liste éclectique

Avec cette inscription, les savoir-faire liés au parfum en Pays de Grasse rejoignent une liste hétéroclite de traditions et de savoir-faire, désormais forte de plus de 400 éléments (chants, danses, spécialités gastronomiques ou célébrations) !
Après le gwoka guadeloupéen, le Carnaval de granville et le Fest Noz breton, c'est l'ensemble du processus de création des parfums qui est aujourd'hui distingué.
Parmi les savoir-faire qui rejoignent la liste du patrimoine culturel immatériel de l'Humanité en 2018, il faut aussi signaler l'art de la construction en pierre sèche (une candidature transnationale qui réunit la France, la Croatie, Chypre, la Grèce, l'Italie, la Slovénie, l'Espagne et la Suisse), la lutte traditionnelle coréenne et même le Reggae jamaïcain !

Date de création : 2018-12-03
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