Hôtel de Matignon : 5 faits insolites sur ce bâtiment et son jardin

La résidence des Premiers ministres français est l'un des lieux les plus plébiscités à Paris pendant les Journées du patrimoine. Il faut dire que l'Hôtel de Matignon, situé au 57 rue de Varennes, est un hôtel très particulier. Voici 5 faits insolites sur ce bâtiment et son jardin.


1- Cet hôtel particulier a appartenu aux princes de Monaco

Saviez-vous qu'avant de devenir l'un des symboles de l'État français, l'Hôtel de Matignon a appartenu aux princes de Monaco 
L'actuelle résidence du Premier ministre doit son nom à Jacques III de Matignon qui l'a racheté en 1723 à l’homme ayant fait construire cet hôtel particulier, le maréchal Christian-Louis de Montmorency-Luxembourg, prince de Tingry.
À la mort de Jacques III de Matignon en janvier 1725, c'est son fils Jacques IV qui hérite de cet hôtel particulier. En épousant Louise-Hippolyte Grimaldi, il devient prince de Monaco sous le nom de Jacques Ier Grimaldi, si bien que ce bâtiment tombe dans l'escarcelle des princes de Monaco.
Aujourd'hui encore, le salon rouge témoigne de cette page de l'histoire de Matignon car il s'agit de l'ancienne salle du trône des princes de Monaco.

2- La salle du Conseil présente des décors insoupçonnés

C'est en 1922 que ce domaine a été cédé à l'État français, avant d'être classé aux monuments historiques l'année suivante. Mais il a fallu attendre 1959 pour que l'Hôtel de Matignon devienne la résidence officielle des Premiers ministres.
Auparavant, Pierre Etienne Flandin est le premier président du conseil à y résider dans les années 1930. Charles de Gaulle décide d'y tenir le premier Conseil des ministres du gouvernement provisoire, le 9 septembre 1944.
Aujourd'hui, les ministres s'y réunissent dans la salle du Conseil, une salle dont les décors sont beaucoup moins austères qu'on pourrait l'imaginer ! Cette fameuse salle présente des médaillons blancs évoquant les Fables de La Fontaine et une tapisserie représentant Don Quichotte…
Le peintre français Thomas Couture y a représenté des anges dénudés, mais ces peintures ont été recouvertes d'un badigeon blanc à la fin des années 1950. On craignait en effet que ces décors ne déconcentrent les ministres !

3- Le Pavillon de musique est le refuge discret des Premiers ministres

Si les appartements privés de l'Hôtel de Matignon sont exigus et mal agencés, au point d'avoir été jugés "affreux" par Édith Cresson dans les années 1980, un autre lieu a les faveurs de nos Premiers ministres.
Le Pavillon de musique, situé au fond du jardin de Matignon, est un refuge très apprécié pour sa discrétion. Raymond Barre avait coutume de s'y isoler le week-end en déclarant : "Je pars à la campagne !".
Plus récemment, Édouard Philippe s'y entraînait à la boxe deux fois par semaine avec son service de sécurité.
Ce pavillon, parfois surnommé le Petit Trianon, est aussi un lieu secret du pouvoir, où Alain Juppé aurait préparé la dissolution de l'Assemblée nationale voulue par Jacques Chirac en 1997.
Mais c'est un autre épisode historique qui a forgé la réputation de ce lieu. À l'initiative de Michel Rocard, l'indépendantiste kanak Jean-Michel Tjibaou et le loyaliste Jacques Lafleur y ont mené plusieurs nuits de discussions avant de signer les accords de Matignon en juin 1988. Ces accords historiques ont permis d'éviter que la Nouvelle-Calédonie ne sombre dans la guerre civile.

4- Son parc est le plus grand jardin privé de Paris

Alors que l'Hôtel de Matignon est situé au 57 rue de Varennes, c'est au 36 rue de Babylone que se trouve l'accès au parc, derrière une discrète porte bleue.
Avec sa superficie de 3 hectares, le parc de Matignon est l'un des plus vastes de la capitale. Il est même le plus grand jardin privé de Paris !
Ce jardin a été aménagé par deux prestigieux architectes du paysage : Claude Desgot, neveu et collaborateur d'André Le Nôtre, et Achille Duchêne en 1902. Il s'agit d'un jardin d'inspiration française et anglaise, qui associe la symétrie d'un jardin à la française avec des massifs touffus à l'anglaise.
Ce parc abrite une illusion d'optique appelée perspective accélérée. La distance qui sépare les deux allées plantées de 111 tilleuls se resserre à l'extrémité du parc, ce qui donne l'illusion d'un jardin d'une plus grande profondeur. Cette astucieuse perspective dirige aussi le regard vers une statue de Pomone.

5- Chaque Premier ministre y a planté un arbre

Depuis que Raymond Barre y a planté un érable à sucre en 1978, une drôle de tradition s'est enracinée dans le jardin de l'Hôtel de Matignon.
Chaque Premier ministre a été invité à planter un arbre de son choix et la tradition a perduré jusqu'à aujourd'hui. Seul Jacques Chirac s'est abstenu de le faire lors de son second mandat à Matignon entre 1986 et 1988.
Edith Cresson a choisi un ginkgo biloba arbre remarquable par ses caractéristiques botaniques et sa résistance exceptionnelle. Édouard Philippe a préféré un pommier claque-pépins qui est aujourd'hui le seul arbre fruitier du jardin.
Pendant son mandat, Jean Castex a opté pour un frêne "très résistant", en écho à la crise sanitaire. Élisabeth Borne a choisi un chêne vert car il s'agit d'un "arbre robuste capable de s'adapter aux climats futurs".
L'actuelle Première ministre est aussi la seule à ne pas avoir acheté son arbre en pépinière mais à avoir replanté "une jeune pousse arrivée au fond du jardin au gré du vent." Un choix écologique et, comme toujours, hautement symbolique !

Date de création : 2023-02-07
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