1- La réalité du métier diffère de la fiction
Nombreuses sont les séries télé où le médecin légiste joue un rôle central.
Avec les fictions françaises Alexandra Ehle sur France 3 et Balthazar sur TF1, les médecins légistes sont devenus des héros à part entière dans les séries policières.
Mais, malgré l'intérêt que ce métier suscite auprès des scénaristes et des téléspectateurs, il faut savoir que ces fictions ne sont pas toujours fidèles à la réalité de la profession.
Par exemple, contrairement à ce que l'on voit dans les séries télé, le légiste n'est pas toujours sur le terrain ou en train d'examiner des victimes de meurtre.
Il y a d'ailleurs souvent, chez les scénaristes, une confusion entre la médecine légale et le travail de la police scientifique (le relevé des empreintes ou les analyses toxicologiques relèvent plutôt des compétences de ces techniciens).
On l'ignore généralement, mais ce médecin joue un rôle pendant l'instruction, en particulier pendant les reconstitutions. Le magistrat lui pose alors des questions pour confronter ce que dit l'auteur présumé de l'infraction et les constatations sur le corps.
Enfin, un légiste passe énormément de temps à rédiger des rapports médico-légaux, mais c'est un fait que la fiction occulte, pour ne pas ennuyer les téléspectateurs sans doute !
2- Il examine aussi des vivants
Dans la réalité, un médecin légiste est avant tout un médecin qui a validé ses six années d'études avant de se spécialiser pendant quatre à cinq ans en médecine légale.
Au cours de ce cursus, il apprend les aspects médicaux des agressions, les expertises médicolégales et la toxicologie…
Grâce à ces connaissances, il est nommé comme expert par un magistrat pour constater et évaluer les dommages corporels sur des victimes d'accidents de la route ou de maltraitance... bien vivantes !
Les compagnies d'assurance peuvent aussi faire appel à lui pour évaluer les préjudices et les séquelles de traumatismes en vue d'une indemnisation.
Finalement, il n'y a plus que dans les films et les séries télé que les médecins légistes n'examinent que des cadavres. Dans la vraie vie, leur emploi du temps est majoritairement consacré aux vivants et à l'examen de personnes victimes de violence.
3- Son intervention dans une enquête est strictement encadrée
Contrairement à ce que pourraient laisser croire les enquêtes de Balthazar sur TF1 ou Alexandra Ehle sur France 3, les médecins légistes ne mènent pas leurs investigations en toute indépendance.
En cas de décès suspect, ils ne sont sollicités que sur réquisition de la police ou de la gendarmerie, avec l'aval du Parquet.
Au préalable, le médecin qui a établi le certificat de décès doit avoir coché la case "obstacle médico-légal" car il a constaté des faits ou des circonstances suspects ou inexplicables.
C'est uniquement dans ces conditions que le procureur peut ouvrir une information et qu'un médecin légiste peut intervenir pour réaliser une autopsie médico-légale. Il procède alors à l'examen du corps sur place, en partenariat avec des enquêteurs spécialisés.
4- Les autopsies durent en moyenne cinq heures
Même si, à la télévision, les médecins légistes semblent toujours avoir des réponses et des pistes à fournir aux enquêteurs, dans la réalité, leur travail est long et minutieux.
Après des radios ou un scanner et l'examen externe du corps, le médecin recherche des lésions qui pourraient être invisibles en surface.
Il examine les différents organes (estomac, foie, rate, pancréas et reins) qu'il pèse et dissèque. Il prélève des fragments pour l'analyse anatomopathologique au microscope.
Il analyse aussi le cœur et les poumons, le cou et la boîte crânienne pour déterminer la cause de la mort (strangulation, traumatisme cérébral etc.).
C'est pourquoi les autopsies durent en moyenne cinq heures. Quand l'autopsie est terminée, son travail n'est pas fini car le corps de la victime est ensuite restauré.
5- Il fait un travail de fourmi
Contrairement aux héros des séries télé, le médecin légiste se fie aux preuves scientifiques et non à son intuition.
Lors de la découverte d'un corps, ce médecin est chargé de répondre à trois questions : Qui est cet individu Quand est-il mort De quelle façon
Il doit déterminer si le décès est d'origine naturelle, accidentelle, suicidaire ou criminelle.
Dans le dernier cas, il recherche également quelle est la cause de la mort (arme blanche, arme à feu, coups, strangulation…), si la victime est décédée immédiatement ou non, si son décès s'est accompagné de violences sexuelles et s'il y a eu un ou plusieurs auteurs.
Le légiste rédige son rapport médico-légal à partir des éléments recueillis lors de l'examen du corps et utilise ces éléments pour reconstituer les derniers instants d'une vie.
Mais, dans la réalité, résoudre ce genre d'énigme prend bien plus de temps qu'un épisode de 52 minutes : cela demande des mois, voire des années !