Présentation de ce métier
La photographie judiciaire ou photographie forensique fait partie de ce que l'on appelle "l'identité judiciaire".
Elle est rattachée au service chargé de l'identification des suspects, grâce notamment aux portraits-robots et aux signalements anthropométriques (les fameux portraits photographiques de face et de profil).
Le métier de photographe de la police judiciaire consiste non seulement à réaliser ces portraits de suspects, mais aussi à photographier les transferts d'empreintes révélés à la poudre pour le FAED (Fichier automatique des empreintes digitales).
Une autre facette de la profession est d'intervenir lors d'affaires judiciaires (du vol avec effraction à l'homicide) pour photographier les scènes de crime, les reconstitutions et même les autopsies.
Dans tous les cas, le rôle du service de photographie judiciaire est toujours le même : fournir des preuves par l'image. Les clichés peuvent en effet révéler des détails invisibles à l'œil nu ou passés inaperçus lors de l'examen de la scène de crime.
Le photographe constitue ainsi un maillon indispensable entre les policiers de terrain et le système judiciaire.
Enfin, les photographes de la police sont parfois chargés de l'identification des victimes de catastrophes (aériennes ou autres).
Le matériel utilisé
Pour remplir sa fonction, le photographe de la police judiciaire ne se contente pas d'un appareil photo, d'un flash et de zooms.
Il utilise aussi d'autres accessoires rassemblés dans une mallette, en particulier des tests millimétrés blancs (sortes de repères servant à indiquer la taille des preuves), des cavaliers (qui servent à numéroter les preuves) et un mètre.
L'utilisation de cavaliers pour numéroter chaque preuve photographiée est d'ailleurs l'une des techniques de base utilisées pour quadriller chaque scène de crime. Les règles et techniques inhérentes à ce métier ont pour but d'éviter de "fausser" les images et de les rendre les plus précises et objectives possibles.
Ces photographes reçoivent formation technique très rigoureuse car leurs prises de vue doivent être parfaites ; pour avoir valeur de preuves, elles doivent être retouchées le moins possible.
Par ailleurs, nombre de ces professionnels sont aussi techniciens de scènes de crime et sont habilités à réaliser des prélèvements et la recherche de preuves.
Histoire de ce métier
La photographie judiciaire est aussi ancienne que la police scientifique. Le département photographie de la PJ de Paris existe depuis 1893 !
Alphonse Bertillon, le père de la police scientifique, est notamment connu pour avoir créé le signalement anthropométrique, ce portrait photographique de face et de profil d'un individu destiné à faciliter l'identification des récidivistes.
Il est aussi à l'origine du principe de la photographie métrique qu'il met en place en 1903. Alors chef du service photographique de la préfecture de police, il met en place un protocole scientifique de représentation des scènes de crime afin de pouvoir non seulement identifier les victimes mais aussi fixer et restituer précisément les lieux où des crimes ont été commis.
Cette méthode permet d'enregistrer de façon synthétique et globale les éléments matériels du crime : position du cadavre et des éventuelles armes, objets, traces... Elle est l'ancêtre des reconstitutions en 3D des scènes de crime utilisées aujourd'hui.
A noter : aujourd'hui, tout photographe de la police judiciaire travaille en numérique mais la police conserve précieusement ses archives, y compris sous forme de pellicules photo stockées par année et par ordre alphabétique.