1- Ce n'est pas une variété particulière
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, la fraise de Plougastel n'est pas une variété particulière.
A Plougastel-Daoulas, les maraîchers ne cultivent pas une variété locale de fraisier, mais plusieurs variétés et principalement de la gariguette ...
De nos jours, la gariguette est la variété dominante, mais elle n'est pas la seule à être produite sur place et elle ne l'a jamais été.
A noter : il faut savoir que la gariguette est une variété de fraises relativement récente, qui a été inscrite au catalogue officiel de l'Inra... en 1976 ! Or, l'histoire de la culture des fraises à Plougastel est bien plus ancienne.
2- Sa culture remonte au XVIIIe siècle
La fraise de Plougastel (comme toutes les fraises que nous consommons aujourd'hui) nous vient du Chili.
C'est un ingénieur de marine au nom prédestiné, Amédée François Frézier qui a rapporté cinq pieds de fraisiers sauvages du Chili pour les jardins du roi à Paris en 1714.
En 1736, le tremblement de terre qui a touché Brest a détruit le jardin des simples de la ville. Pour le reconstruire, on aurait fait venir des graines et des plants de ces jardins en 1738.
Dans le lot se trouvaient quelques descendants des premières fraises blanches du Chili de l'espèce Fragaria chiloensis.
D'abord plantées dans le jardin botanique de Brest, ces fraises ont ensuite prospéré à Plougastel grâce au microclimat exceptionnel de la région.
Les maraîchers locaux ont croisé les fraises chiliennes avec des variétés venues de Virginie. Dès le XVIIIe siècle, leurs fruits ont connu un succès fulgurant, jusqu'à devenir la production typique de la région.
La Fraise de Plougastel a connu son apogée entre 1920 et 1950. Avec une production de 6000 tonnes par an, Plougastel-Daoulas est alors la deuxième région française de culture de ce fruit après Metz. Elle fournit un quart de la production française.
Entre 1952 et 1962, la production passe de 1500 tonnes à seulement 450 tonnes par an.
Aujourd'hui, l'entreprise bretonne Savéol produit environ 2000 tonnes de fraises par an, tandis que les producteurs indépendants fournissent 300 à 400 tonnes annuelles.
3- C'est un produit du terroir
La fraise de Plougastel doit sa renommée au terroir et au climat breton comme d'autres primeurs eux aussi cultivés en Bretagne.
Dans cette partie du Finistère, l'océan régule les écarts de température et le passage du Gulf Stream crée un microclimat favorable aux cultures.
Le sol siliceux de la presqu'île de Plougastel-Daoulas a aussi contribué à faire de cette région LA capitale française de la fraise, car les fraisiers apprécient les sols bien drainés associés à un climat tempéré, voire chaud, et à une exposition en plein soleil.
Hélas, ce qui était vrai autrefois l'est un peu moins aujourd'hui puisque 90% des fraises de Plougastel sont cultivées hors-sol...
Pour retrouver le vrai goût des fameuses fraises bretonnes, il faudrait donc privilégier les petits producteurs qui pratiquent encore la culture en pleine terre.
4- Elle est la première de la saison
Qu'elle soit cultivée hors-sol ou en pleine terre, l'un des points forts de la fraise de Plougastel est d'être la première fraise (française) de la saison, présente dès avril sur les étals.
A cette période de l'année, il s'agit de gariguettes (une variété précoce) bien plus goûteuses que leurs cousines espagnoles.
Les gourmands les attendent avec impatience et doivent en profiter pleinement car la saison de la gariguette est courte !
Elle dure jusqu'à la mi-juillet seulement, quand d'autres variétés comme la Ronde et la Charlotte restent sur les étals jusqu'en novembre.
Vous l'aurez compris, la gariguette se guette, se savoure et se paie un peu plus cher (aux alentours de 12€ le kilo).
5- Elle a sa fête locale
Même si elle est liée à un terroir et à une longue tradition, la fraise de Plougastel ne bénéficie pas d'une appellation d'origine protégée ou AOP ...
En revanche, les fraises sont à la fête à Plougastel-Daoulas, chaque année le deuxième dimanche de juin.
La Fête des fraises est l'occasion d'assister à un défilé de chars et de participants en costume traditionnel, d'écouter des groupes folkloriques et bien sûr de déguster des fraises !