Obésité : l'épidémie frappe les campagnes plus que les villes

Alors que la Journée européenne de l'obésité approche, une étude parue début mai dans la revue Nature vient bousculer certaines idées reçues sur cette maladie. Elle révèle en effet que l'épidémie mondiale augmente plus rapidement dans les zones rurales de la planète que dans les villes. Décryptage.


De la sous-nutrition à la malnutrition

Auparavant, les zones rurales partout dans le monde étaient plus exposées à la sous-nutrition que les villes, à cause des aléas climatiques, des maladies des cultures et des grandes famines.
Mais, au cours des dernières décennies, la popularisation des Aliments ultra-transformés et des boissons sucrées ont fait apparaître une nouvelle forme de malnutrition dans les campagnes.
Selon une étude parue dans la revue Nature, le 8 mai 2019, l'épidémie mondiale d'obésité est majoritairement due à une hausse de son incidence dans les zones rurales des pays les moins favorisés.
"Avec la hausse de leur niveau de vie, ces populations rurales sont confrontées à un nouveau défi, qui n'est plus de se fournir suffisamment à manger, mais de se fournir une nourriture de bonne qualité.", commente l'un des auteurs de cette étude.
Parallèlement, la mécanisation de l'agriculture a entraîné une baisse de l'activité physique de ces populations.

Une étude qui casse les clichés

On accuse parfois le mode de vie urbain de favoriser l'obésité. Pourtant, l'étude parue dans la revue Nature remet en cause cette idée reçue sur la répartition géographique de la maladie.
Elle révèle que l'épidémie mondiale d'obésité augmente plus rapidement dans les zones rurales de la planète que dans les villes.
Pour parvenir à cette conclusion, les auteurs de cette étude ont compilé plus de 2000 études précédentes, portant sur 112 millions d'adultes de 200 pays entre 1985 et 2017.
Les chercheurs se sont penchés sur l'évolution de l'indice de masse corporelle (IMC) de tous ces individus durant cette période.
Ils ont découvert que, de 1985 à 2017, l'IMC a globalement augmenté de 2 points pour les femmes et de 2,2 pour les hommes, soit un gain de poids de 5 à 6 kilos en moyenne par individu.
Mais surtout, 55% de cette hausse globale est due à l'augmentation observée dans les zones rurales. Dans certains pays à faibles et moyens revenus, les zones rurales comptent même pour 80% de l'augmentation.
Par ailleurs, sur les 32 années étudiées, l'augmentation moyenne de l'IMC dans les zones rurales a été de 2,1 points pour les hommes comme pour les femmes, alors qu'elle n'a été que de 1,3 pour les hommes et 1,6 pour les femmes dans les villes.
"Les résultats de cette vaste étude contredisent l'idée communément répandue selon laquelle l'augmentation mondiale de l'obésité est due au fait que de plus en plus de gens vivent dans des villes", conclut le professeur Majid Ezzati, de l'Imperial College de Londres (l'auteur principal de l'étude).

Des politiques de prévention à revoir

"Les discours de santé publique ont tendance à se concentrer sur les aspects négatifs de la vie urbaine", note le Pr Ezzati.
Mais, en réalité, "vivre en ville donne accès à une meilleure nutrition et à davantage d'exercice physique", grâce notamment à de meilleures infrastructures sportives.
Les citadins étant globalement mieux nourris et plus sportifs, ils ne devraient pas être le cible privilégiée des politiques de prévention.
Le professeur Majid Ezzati souligne : "Cela signifie que nous devons repenser notre manière de répondre à ce problème mondial de santé publique".
Les résultats de son étude devraient inciter à prendre davantage en compte les zones rurales des pays pauvres et les populations défavorisées, pour qui consommer une nourriture saine est coûteux.
En France aussi, plusieurs études ont montré que le taux d'obésité est inversement proportionnel au niveau socio-économique.
A noter : selon l'Organisation mondiale de la santé, le nombre de personnes obèses a presque triplé dans le monde depuis 1975, pour atteindre 650 millions d'adultes en 2016.
L'OMS a estimé qu'environ 13% des adultes (11% des hommes et 15% des femmes) étaient obèses en 2016.
De plus, selon une étude publiée l'an passé, si cette tendance se confirme, près d'un quart de la population mondiale sera obèse en 2045.

Date de création : 2019-05-16
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