Le réchauffement climatique en France au XXIe siècle sera-t-il plus important que prévu ?

Un groupe de chercheurs français associé au Cerfacs (institut spécialisé dans la simulation numérique) prévoit une progression de 3,8° de la température moyenne en France. Le scénario, supérieur de moitié à celui qui était jusqu’à présent envisagé, ne sera pas sans conséquences sur le secteur agricole ni sur tout l’écosystème hexagonal. Saurons-nous nous adapter à cette nouvelle donne ?


Les scénarios prédictifs à l’épreuve des mesures passées

L’équipe de chercheurs français a développé une méthode, laquelle a été utilisée par les experts du GIEC pour produire les résultats présentés dans son 6e rapport (2021). Dans les grandes lignes, cette méthode utilise les mesures que les stations de relevés météorologiques opèrent en France depuis 1900, et les compare aux simulations établies à partir de modèles existants du GIEC. Les simulations (pour le futur) qui collent le plus aux mesures relevées (dans le passé) sont donc considérées plus solides que les autres, et les modèles qu’elles utilisent plus pertinents pour prédire le climat.

Fournir des prédictions locales pour permettre une action politique

La particularité de ces travaux, sur la validité des modèles utilisés pour informer la planète sur l’avenir de son climat, est de fournir des résultats à un niveau infra continental. Jusqu’à présent l’échelle des résultats affichés ne correspondait pas à l’échelle des pouvoirs réellement à même de prendre les décisions nécessaires pour agir en conséquence. En effet le GIEC identifie des scénarios à l’échelle d’un continent quand les décisions se prennent encore majoritairement pays par pays. Grâce à cette équipe de chercheurs pluridisciplinaires, il est aujourd’hui possible de disposer des éléments prédictifs qui s’adressent aux gouvernants effectivement en charge de définir les politiques publiques.
Ainsi, la moyenne évaluée par le GIEC sur le plan mondial est une augmentation de la température de 1,2° en 2022 par rapport au début du XXe siècle. En affinant la granularité au niveau des continents, la prédiction du GIEC est une augmentation de 1,6°... cette méthode prédit une aggravation du réchauffement en France de 1,7° sur la même période.

L’étonnante origine de l’augmentation des températures

Il ne fait aucun doute, depuis longtemps, que l’anthropie (ce qui est produit par l’action de l’homme) est majoritairement à l’origine de la production de gaz à effet de serre, dont l’augmentation depuis moins de deux siècles est elle-même la cause du changement climatique brutal observé depuis trois ou quatre décennies.
Ce qui surprend davantage les chercheurs, dont les travaux ont été publiés début octobre 2022 dans la revue Earth Systems Dynamics, est le rôle joué par les aérosols dans ce changement climatique : libérées en grandes quantités jusque dans les années 80, les particules d’aérosol ont été concentrées dans l’atmosphère, faisant ainsi littéralement « écran » au réchauffement dû au rayonnement solaire. Sur la même période, la pollution due à la combustion des énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon), réchauffait l’atmosphère. La combinaison des deux (aérosols et combustion) annulait leurs effets contraires.
En réduisant de façon drastique la production d’aérosols depuis plus de trente ans, les politiques publiques, et les progrès d’une technologie plus propre, ont réduit les effets des particules d’aérosol et ont ainsi mécaniquement augmenté l’impact de l’activité humaine dans le réchauffement climatique.

Des engagements à respecter pour éviter l’emballement du climat

Dès lors, il devient clair qu’une politique stricte de décarbonation de l’économie (et donc de limitation de la production de polluants issus de la combustion) est la seule envisageable pour sauver la planète d’un scénario prévoyant 3,8° degrés d’augmentation de la température mondiale moyenne en 2100.
Ce schéma est semble-t-il celui auquel nous conduisent les engagements pris par les pays les plus pollueurs (c’est-à-dire ceux où l’anthropie a le plus de conséquences sur le climat).
Cependant, une telle perspective, si elle est rejointe, n’en est pas moins effrayante. Ramenée à la France, elle signifie en effet des étés plus chauds de 5° en moyenne par rapport à il y une centaine d’années, des accès de température réguliers et nombreux, des états de sécheresse longs et marquants. Au-delà des difficultés à vivre qui conduiront tout un chacun à s’adapter, c’est aussi tout l’écosystème qui devra réagir ou disparaître, à commencer par l’industrie agricole, laquelle constitue l’un des secteurs les plus productifs de notre économie.

Date de création : 2022-10-26
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