1- Il était d'origine hongroise
Lucien Hervé est un photographe français d'origine hongroise : il est né en Hongrie en 1910, sous le nom de Làszlo Elkan.
Il a étudié le piano et suivi des études d'économie politique à Vienne. A l'époque, il ne s'intéressait pas encore à la photographie mais plutôt au dessin.
Il est arrivé à Paris en 1929 et a été fait prisonnier par les Allemands pendant la guerre.
Il s'est évadé et a rejoint la Résistance où il a pris le nom de Lucien Hervé.
2- Il photographiait comme on peint
Lucien Hervé voulait être peintre et il est devenu photographe un peu malgré lui...
Par son souci des proportions, des formes géométriques et des équilibres entre noir et blanc, beaucoup de ses photos font penser des peintures abstraites.
L'artiste, qui mettait l'accent sur les lignes géométriques et cherchait toujours une scène construite, disait de lui-même qu'il pratiquait la photographie "comme un peintre".
Avec une grande rigueur dans ses cadrages, il faisait ressortir la géométrie des détails du quotidien ou de l'architecture.
Fait moins connu, Lucien hervé a aussi travaillé en couleur, par exemple dans sa série "Murs, lambeaux d'affiche" (entreprise en 1950) consacrée à des fragments d'affiches politiques.
Son épouse Judith Hervé raconte : "Il a partout fait des photos couleur, sur toutes les architectures, pour Le corbusier en Inde. Mails il pensait qu'il fallait montrer des photos en couleur uniquement quand la couleur a une vraie importance".
3- Il jouait avec les contrastes
Sur la plupart des photos de Lucien Hervé, les lignes sont minimales, le cadrage rigoureux et le noir et blanc structure l'image.
Tel un peintre, le photographe compose avec la lumière et surtout avec les ombres : celles-ci creusent des volumes, découpent l'image ou lui servent de cadre...
En jouant avec l'ombre, le photographe n'hésite pas à déconstruire le réel pour faire surgir de nouvelles formes.
Le très fort contraste entre noir et blanc, ombre et lumière, est l'une des caractéristiques majeures de son travail, au même titre que la géométrie des lignes.
4- Il était le photographe de Le Corbusier
Lucien Hervé est surtout connu comme l'un des plus grands photographes d'architecture du XXe siècle.
Il a multiplié les prises de vue d'édifices historiques, modernes ou populaires et collaboré avec les plus grands maîtres : Le corbusier bien sûr, mais aussi Alvar Aalto, Oscar Niemeyer et Marcel Breuer.
Il pensait que la photographie d'architecture doit "traduire en même temps que l'émotion ressentie devant elle les raisons mêmes de cette émotion."
Il a rencontré Le corbusier en 1949 et a travaillé avec lui pendant quinze ans, allant jusqu'à l'accompagner en Inde sur le grand chantier de Chandigahr.
Impressionné par ses photos, Le corbusier lui aurait déclaré : "Vous avez l'âme d'un architecte", avant de lui demander d'être son photographe.
5- Il mettait de l'humain dans ses images
On parle souvent architecture, géométrie et contrastes quand on évoque le travail de Lucien Hervé.
Mais si l'on observe attentivement ses images, on remarque qu'elles sont souvent ponctuées par des silhouettes humaines, de passants ou d'ouvriers au travail.
Même quand il photographie un édifice imposant, l'artiste cherche la présence du vivant et c'est l'homme qui lui sert d'échelle.
Déjà sur l'une de ses premières photographies, il captait le passage de cyclistes sur le pavé parisien :
Il a aussi réalisé des portraits aux cadrages très étudiés de personnes qui ont compté pour lui, à commencer par Le Corbusier :
