Nino Migliori : un photographe inclassable

Il ne vous reste plus que quelques jours pour visiter la rétrospective que la Maison européenne de la photographie à Paris consacre à Nino Migliori. Cette exposition est l'occasion de découvrir le travail de ce photographe italien dont la carrière a été jalonnée par plusieurs périodes, du néo-réalisme italien à l'abstraction. Voici une présentation de cet artiste touche-à-tout dont la production échappe à toute tentative de classification.


Un photographe touche-à-tout

Nino Migliori est un photographe italien dont les oeuvres figurent dans de nombreuses collections publiques et privées en Italie et ailleurs, notamment à la BnF à Paris, au MoMa à New York ou encore au Musée réattu à Arles.
Il est né en 1926 à Bologne, où il vit et travaille encore aujourd'hui. C'est là que l'artiste a créé la Fondation Nino Migliori en 2016.
D'abord photographe de la rue, il a fait partie du néo-réalisme italien des années 1950, avant de réaliser des images beaucoup plus abstraites.
En véritable touche-à-tout, curieux et innovateur, il n'a cessé d'expérimenter de nouvelles façons de pratiquer son art.
Au début de sa carrière, Migliori s'intéresse aux gens de l'Émilie-Romagne, sa province natale, dans la série Gente dell'Emilia, mais aussi aux gens du Sud dans la série Gente del Sud.



Un témoin de son temps

A chaque étape de son oeuvre, Nino Migliori apparaît comme un homme de son temps, curieux de tout ce qui l'entoure.
A ses débuts, dans les années 1950, il se fait le témoin de l'Italie de l'après-guerre, captant avec un regard bienveillant des images en noir et blanc de la ruralité et de la simplicité populaire.
Il photographie tour à tour les femmes vêtues de noir, les lavandières, les écoliers et les gens attablés aux terrasses ou installés chez le coiffeur.
Puisant dans le quotidien le plus ordinaire des images extraordinaires, il traduit surtout la liberté retrouvée dans une Italie exsangue.
A propos de cette période, il raconte : "La guerre était finie et je me sentais enfin libre ; je pouvais entrer en contact avec les gens, profiter de cette liberté de mouvement retrouvée."



Des expérimentations pour transformer le réel

Mais Nino Migliori est aussi un artiste qui vit avec son temps et qui assimile la nouveauté avec une aisance déconcertante.
Lui qui avait commencé par traduire la réalité tangible et visible du quotidien a ensuite, assez rapidement, décidé d'apporter sa patte dans ses images.
Il débute alors un travail non pas de retoucheur mais de plasticien et expérimente diverses techniques.
Il réalise notamment des images abstraites faisant penser aux toiles de Pollock grâce à des procédés innovants comme les cellogrammes ou les hydrogrammes (technique qui consiste à déposer des gouttes d'eau entre deux plaques de verre) :



Il s'intéresse aussi aux graffitis urbains dans la série I Muri ("Les Murs"), où il saisit la poésie brute d'un "Ti amo" écrit sur un mur décrépi rose fuchsia.
Fidèle à sa devise "Photographier, c'est choisir et transformer", Migliori n'a jamais cessé sa recherche expérimentale.
A partir des années 1980, il utilise des Polaroid qu'il gratte, presse et déforme pour métamorphoser les paysages photographiés en petits tableaux impressionnistes.
Toujours actif à 92 ans, le photographe italien n'a pas fini de nous surprendre.

Date de création : 2018-02-20
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