Olivier Culmann : un photographe au regard décalé

Membre du collectif Tendance Floue, Olivier Culmann vient de recevoir en 2017 le prix Nicéphore Niépce, la plus prestigieuse récompense dans le domaine de la photographie en France. Cette consécration est une reconnaissance bien méritée pour son travail toujours original et non dénué d'humour. Nous vous proposons de revenir sur la vie et l'oeuvre de ce photographe français.


Sa biographie

Olivier Culmann est né à Paris en 1970. Il a étudié la photographie à l'ESRA et a commencé sa carrière de photographe en 1992.
Depuis 1996, il fait partie du collectif Tendance Floue dont il est l'une des figures marquantes.
Ses travaux, venus du photojournalisme classique, ont pris peu à peu des formes plus originales et ont été récompensés à maintes reprises.

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Ce photographe français a notamment reçu :
=> le Prix Villa Médicis hors les murs 1997 pour la série "Les mondes de l'école"
=> le Prix Scam Roger-Pic 2003 pour sa série "Autour, New York 2001–2002"
=> le Fujifilm Euro Press Photo 2004
=> le World Press 2007 : 3e prix dans la catégorie "sujets contemporains"
En 2017, il se voit décerner le prix Nicéphore Niépce qui n'est rien moins que la plus prestigieuse récompense dans le domaine de la photographie en France

Son oeuvre

L'oeuvre d'Olivier Culmann questionne la place grandissante des images dans nos sociétés avec subtilité et humour.
Dans les années 1990, il collabore avec le photographe Mat Jacob et se rend dans une vingtaine de pays pour photographier Les Mondes de l'école. Ce travail sur l'institution scolaire soulève plus de questions qu'il n'apporte de réponses.
Avec la série Une Vie de poulet, il utilise encore plus ouvertement l'humour et la narration, en mettant en regard deux reportages : l'un sur une chaîne industrielle de volailles et l'autre sur les derniers appelés du contingent.
Au début des années 2000, il passe au moyen format et recherche une distance nouvelle. Au lendemain des attentats du 11 septembre, il réalise la série Autour, New York 2001-2002.
Parmi le flot d'images liées à cette tragédie, celles d'Olivier Culmann se distinguent car il a choisi de se concentrer sur les visages des passants, Américains ou touristes, venus voir Ground Zero, où il n'y avait paradoxalement plus rien à voir.
Cette série révèle la fascination pour le vide et l'anéantissement, capturée sur ces visages défaits ou sidérés.



Une autre série intitulée Watching TV témoigne aussi de l'approche originale de ce photographe. Il s'est intéressé cette fois, dans plusieurs pays du monde, à l'une des activités les plus universelles : regarder la télévision.
Il a alors saisi des corps affaissés, des regards hypnotisés et des visages hébétés... Au Maroc, en Inde, aux Etats-Unis et en France, les téléspectateurs semblent privés d'une part de leur humanité et apparaissent absolument passifs.


L'Inde comme source d'inspiration

Plusieurs séries d'Olivier Culmann ont été réalisées en Inde, un pays où le photographe a vécu à plusieurs reprises.
Un long séjour en Inde, de 2009 à 2011, lui a notamment inspiré la série The Others, qui a été exposée en 2015 au Musée Nicéphore Niépce à Chalon-sur-Saône et publiée dans un livre (Ed. Xavier Barral, 2015).
Dans cette série en quatre actes, il interroge la diversité de la société indienne, séparée entre castes, religions, classes sociales et métiers. Pour ce faire, il réalise des autoportraits où il incarne successivement différents rôles, du militaire à l'ermite.



Avec beaucoup d'humour et d'autodérision, il remet en question la "vérité" des représentations de soi et la conception (toute relative) du "beau".
Olivier Culmann est passionné par l'imagerie populaire et vernaculaire, ainsi que par les codes de mise en scène photographique.
Dans ce projet, il s'est également amusé avec le goût généralisé des Indiens pour la retouche des photographies sur logiciel : il a confié son portrait à des photographes de quartier avec pour mission de l'améliorer à grand renfort de décors kitsch et de retouches délirantes. Au final, on a parfois du mal à le reconnaître !


La restauration de photographies de famille endommagées par le temps est une autre pratique très répandue en Inde qu'il a utilisée, de même que la réalisation de peintures à partir de tirages photographiques en noir et blanc.
En 2016, ce travail a été présenté au Delhi Photo Festival et à la Photobiennale de Moscou.

Date de création : 2017-06-06
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