Cancer : comprendre l'immunothérapie en 5 questions

Le 1er octobre dernier, le Prix Nobel de médecine 2018 a été décerné conjointement à James Allison et Tasuku Honjo pour leurs travaux sur l'immunothérapie. Mais en quoi consiste cette nouvelle forme de traitement contre le cancer Nous vous proposons de le découvrir en 5 questions.


1- Qui sont James Allison et Tasuku Honjo ?

L'Américain James Allison et le Japonais Tasuku Honjo sont deux chercheurs qui ont développé une approche thérapeutique totalement innovante contre les cancers.
Chacun de leur côté, ces deux scientifiques ont trouvé le moyen d'activer le système immunitaire des patients afin qu'il élimine lui-même les tumeurs.
Pour reprendre les mots du comité Nobel :
"Allison et Honjo ont montré comment différentes stratégies d'inhibition des freins du système immunitaire pouvaient être utilisées dans le traitement du cancer."
Cette toute nouvelle approche thérapeutique est connue sous le nom d'immunothérapie.

2- En quoi consiste l'immunothérapie ?

L'immunothérapie consiste à enrôler le système immunitaire du patient pour remporter la lutte contre le cancer.
Le cancer n'est pas une maladie comme les autres : il peut avoir plusieurs formes et se développer un peu partout dans le corps humain.
Mais il se caractérise toujours par un dérèglement du système de réplication cellulaire, qui s'emballe et qui crée une masse de cellules anormales, une tumeur.
En raison de la grande variété de formes et de localisations possibles, il est presque impossible de trouver un remède unique contre tous les cancers.
Cependant, l'approche inventée par les deux Prix Nobel 2018 a ouvert la voie à de tout nouveaux traitements très prometteurs.

3- Comment ça marche ?

L'une des principales fonctions de notre système immunitaire est de faire la différence entre nos propres cellules et les cellules extérieures comme des bactéries ou des virus qui pourraient constituer un danger pour l'organisme. Il se charge ensuite de les attaquer pour les détruire.
Les lymphocytes T jouent un rôle très important dans ce processus. Ils doivent leur nom au thymus (un organe situé en haut du thorax) où ils sont fabriqués.
Leur rôle est d'identifier les cellules étrangères afin d'aider le système immunitaire à les viser. Même si cette explication paraît simple, ce système est extrêmement complexe et fait intervenir des protéines qui jouent le rôle d'accélérateur ou de frein de la réaction immunitaire.
Un système immunitaire trop actif pourrait en effet nous causer des problèmes, un peu comme lorsqu'on souffre d'allergie.
Dans les années 1990, le Dr James Allison et son équipe ont commencé à étudier le CTLA-4, une protéine qui agit comme un frein sur le système immunitaire.
À l'époque, beaucoup de chercheurs l'étudiaient dans l'espoir de traiter les maladies auto-immunes en "ralentissant" le système immunitaire. Mais James Allison avait l'approche inverse : il voulait étudier ce qui se passerait si on enlevait ce frein et voir si cela permettrait de traiter le cancer.
En effet, dans le cas de la plupart des tumeurs, les lymphocytes T n'identifient pas les cellules cancéreuses comme une menace et n'essaient même pas de les détruire.
Pendant ce temps, au Japon, Tasuku Honjo et son équipe ont découvert la protéine PD-1 qui agit également comme un frein sur les lymphocytes T quoique selon un mécanisme légèrement différent.

4- Pourquoi est-ce révolutionnaire ?

Avant les travaux de James Allison, de l'université du Texas et Tasuku Honjo, de l'université de Kyoto, les médecins disposaient de trois moyens principaux pour lutter contre les cancers :
=> la chirurgie pour enlever la tumeur
=> la chimiothérapie pour s'attaquer aux cellules tumorales en les empoisonnant
=> la radiothérapie pour brûler la tumeur grâce à des radiations.
James Allison et Tasuku Honjo ont apporté une quatrième approche thérapeutique, fondée sur la stimulation du système immunitaire.
Avec la protéine CTLA-4, James Allison a très vite obtenu des résultats prometteurs sur des souris.
Quinze ans plus tard, en 2010, se sont conclus les premiers essais cliniques sur des humains. Or, ces essais ont montré des résultats spectaculaires dans le traitement de cancers de la peau avancés.
Au Japon, les thérapies basées sur le contrôle de la protéine PD-1 ont également donné des résultats sur plusieurs cancers, menant parfois à la rémission totale de cancers métastasés (ce qui est habituellement un diagnostic très grave).

5- Est-ce un remède miracle ?

Ces différents traitements, connus sous le nom d'immunothérapie, sont émergents.
Cela signifie qu'ils vont continuer à s'améliorer au cours des prochaines années.
Pour l'instant, ils sont extrêmement chers et ne sont pleinement efficaces que dans 20% des cas environ, soit 1 patient sur 5, sans que l'on sache exactement pourquoi...
Ces traitements ont aussi des effets secondaires, mais ils ne sont pas pires que ceux de la chimiothérapie ou de la radiothérapie ...
Seul l'avenir nous dira si l'immunothérapie est LA solution révolutionnaire que certains espèrent.
Les lauréats du Nobel de médecine 2018, James Allison et Tasuku Honjo, ont en tout cas donné naissance à un tout nouveau champ d'études et c'est cela que le comité Nobel a voulu récompenser cette année.

Date de création : 2018-10-08
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