Voile : Interview de Salavatore Serio, PDG de Dufour Yachts

Napolitain, tempérament de feu et sourire malicieux, Salvatore Serio, PDG de Dufour Yachts impressionne par son charisme. Un parcours professionnel atypique et des valeurs humaines saines et simples. C'est dans un climat de confiance que le Président nous a dévoilé sa vision du marché actuel de la voile.


Cannes, Le Grand Pavois, la saison n'a pas très bien commencé, vous confirmez?

On a pour habitude dire que le salon de la plaisance à Cannes sert de thermomètre à la saison. Cette année, c'est vrai que nos objectifs de ventes n'ont pas vraiment été atteints durant la période du salon, alors que nous présentions notre nouveau 335 Grand-large. Mais la fréquentation générale du salon était en baisse malgré une météo exceptionnelle.
Puis à l'inverse, au Grand Pavois, le temps a été épouvantable. Visiter des bateaux sous des trombes d'eau, c'est vraiment pas agréable. On le sait bien et on le comprends. C’est difficile de faire les comptes après les salons, car les décisions d’achat restent longues. J'admets que Cannes et le Grand pavois ont été moins bons que l’an passé. Mais ils ont aussi été meilleurs qu’il y a deux ans.

Et en Italie, les résultats sont-ils positifs?

Cette année, le salon de Gênes ne nous a pas permis de rattraper les mauvais résultats de Cannes mais jusque là, il n'y avait encore rien de très inquiétant. Aujourd'hui c'est différent. Déjà il faut avoir conscience que le marché italien est particulier car les italiens sont vraiment touchés par la crise et ils ont du mal à remonter la pente.
Mais, pour moi et pour les concessionnaires Dufour présents en Italie, le problème c'est : la législation. Vous devez savoir que le 5 décembre dernier, le nouveau gouvernement italien a annoncé des mesures anti-crise et il y en a une qui affectera le monde de la plaisance. A partir de mai 2012, tous les bateaux (italiens et étrangers) qui naviguent, mouillent ou stationnent dans les eaux territoriales italiennes, devront s'acquitter d'une taxe pour pouvoir naviguer.


Les barèmes seraient les suivants : pas de taxe pour les moins de 10m et ensuite le montant de la taxe varie de 7 à 150 euros par jour en fonction de la taille du bateau. Nous avons donc des clients pour qui cette taxe va représenter 3000 euros de frais supplémentaires chaque mois!! Ça va forcément avoir une influence sur les futurs achats.
En Italie, le chiffre d’affaires 2010, à 3,3 mrds € est en retrait de 20,9% par rapport à 2009. Sur deux ans le recul atteint 45,7%. Dons nous devons revoir notre positionnement sur l'ensemble de l'Europe.

Justement, de quelle manière se répartissent les ventes chez Dufour?

Grosso modo, 25 à 30 % en France, 30 à 40 % en Europe et 20 % dans le reste du monde. Ce qui signifie que presque 70% de nos ventes restent en Europe. Nous restons attentif à l'évolution de la dette grecque car à sur la Salon nautique de paris par exemple, il y a encore eu une vente en Grèce.
Ensuite, nous avons aussi de plus en plus de travail avec la Turquie où notre concessionnaire fait un travail remarquable. Avant nous avions des clients français qui nous achetaient des bateaux et les emmenaient en eaux turques. Maintenant, ce sont les Turcs directement qui commandent des bateaux au chantier. Ils reconnaissent le savoir-faire à la française et savent apprécier la performance de nos bateaux.

Avec le Dufour 36 Performance, vous lancez donc une nouvelle gamme?

C’est quand même 25 % des ventes chez nous les bateaux de course-croisière. Il faut comprendre que Dufour ne construit pas des bateaux de course mais des bateaux de performances. Le nouveau D36 aura certes un rating en IRC et participera à des régates, mais ce n’est pas un bateau extrême. C’est un voilier qui peut gagner des régates, mais reste grand public, avec une belle habitabilité. Donc, il y a moyen de faire de belles séries.


Il est précisément situé au cœur de notre marché, c'est-à-dire entre 35 et 42 pieds. Cela représente en moyenne 160 à 170 bateaux sur une année. Notre meilleure vente en 2011, c’est le 375 Grand Large. On a fait environ 150 exemplaires. Là, le 335 est parti très fort après sa présentation à Cannes. Une bonne chose pour nous car désormais c'est le plus petit de notre gamme car nous arrêtons la production du 325.
Pour l'année qui arrive nous avons décidé de continuer sur la lancée du D36 car le Nautic de Paris nous a montré qu'on était sur la bonne direction, il plait beaucoup. On espère donc pouvoir présenter d'ici une bonne année de grandes unités dans la même lignée.

Doit-on comprendre par là que Dufour garde son indépendance malgré le rachat de Bavaria?

L’accord définitif n’a été signé que tout récemment bien que l'annonce ait été faite en décembre dernier! Ça a été long, car c’était un montage juridique assez complexe. Le groupe comporte trois marques. Bavaria présente des bateaux plus accessible, Dufour s'adresse au plaisancier plus confirmé et Grand Soleil offre un bateau plus sophistiqué. Les prix et les qualités sont très différents.
Nous respectons le positionnement initial. Dufour devient le fleuron du groupe pour ce qui est du développement industriel. Avant le rachat, nous avions déjà entamé une restructuration assez spectaculaire, en terme de produits, mais aussi en terme d’organisation. On a fait aussi des progrès colossaux sur la gestion des lignes de production. Il y a toujours des améliorations possibles, mais aujourd’hui, on est bien.

Votre parcours professionnel est un exemple de réussite, Dufour ne peut qu'avoir le vent en poupe avec vous acomme capitaine?

Avec les responsabilités que j'ai eu que ce soit à mon poste chez Fiat, la présidence d'Europcar France et Belgique ou même à mes différentes fonctions dans le groupe Accor où j'étais en charge des marques F1, Etap, Ibis, All Seasons, Mercure, Novotel et Pullman; je pense avoir prouvé que je savais redresser la barre quand c'était nécessaire.
C'est vrai que je ne suis pas issu du nautisme mais ça n'empêche que le secteur me passionne. A 51 ans, j'ai encore envie de relever des défis. Et pour tous ceux qui pensais qu'en septembre j'étais sur un siège éjectable, je peux aujourd'hui leur assurer que je suis bien là et que je n'ai pas l'intention de partir.

Date de création : 2011-12-16
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