Le climat change, la montagne aussi
Le tourisme en montagne s'est développé au cours du XXe siècle avec l'attrait de l'or blanc et le développement des stations de ski. Mais aujourd'hui, le changement climatique oblige les acteurs du tourisme montagnard à repenser leur modèle économique et à imaginer d'autres activités que les sports d'hiver pour les vacances à la montagne de demain.
Selon la Cour des comptes, toutes les stations de ski seront plus ou moins touchées par le réchauffement climatique à l'horizon 2050. Cela signifie que, dans seulement vingt-cinq ans, les stations de ski telles que nous les connaissons aujourd'hui ne pourront peut-être plus fonctionner à cause d'un enneigement insuffisant.
Il devient donc urgent, pour toutes les destinations qui vivent de l'or blanc, de développer un tourisme quatre saisons qui ne soit pas uniquement dépendant de la météo et des chutes de neige.
Les montagnes deviennent des refuges climatiques
Le changement climatique, même s’il oblige le tourisme de montagne à se réinventer, ne signifie pas que les massifs montagneux de France vont être désertés par les touristes, bien au contraire !
Si les températures continuent de grimper dans les années et les décennies à venir, on peut facilement imaginer que la montagne va devenir un havre de fraîcheur plébiscité par les vacanciers. Déjà pendant l'été 2023, l'Association nationale des maires des stations de montagne a constaté une hausse du taux d'occupation estivale de près de 50 %.
En été, dès lors que le thermomètre dépasse les 30°C voire les 40°C dans les villes et sur le littoral méditerranéen, les stations et villages d'altitude font office de “refuges climatiques”. Mais bien sûr, pour ces destinations, il est plus rentable de développer un tourisme quatre saisons plutôt que d'accueillir des visiteurs uniquement en été.
Une offre touristique répartie sur toute l'année permet d'éviter le surtourisme pendant les périodes hivernales et estivales et d'améliorer la rentabilité des hébergements et des équipements.
L'offre de loisirs en montagne se réinvente
Une évolution est déjà perceptible dans les stations de sports d'hiver françaises pour préparer l'avenir et pour répondre aux attentes des touristes non skieurs : la diversification de l'offre de loisirs, en hiver et en dehors de la saison de ski.
Selon les professionnels du secteur, les activités hors ski ont enregistré une hausse de 30 % en 2023. Parallèlement, la demande en matière de séjours éco-responsables est elle aussi en hausse.
Les loisirs hors ski et le tourisme vert constituent donc deux pistes sérieuses à explorer pour assurer l'avenir de l’activité touristique dans nos massifs. Moins saisonniers que les sports d'hiver, les loisirs verts en montagne et les séjours éco-responsables peuvent être proposés sur les quatre saisons.
Le nouveau tourisme en montagne doit encore trouver sa voie
Le tourisme quatre saisons en montagne apparaît de plus en plus comme une nécessité, pour s'adapter aux conséquences du changement climatique.
Cependant, ce nouveau tourisme montagnard doit encore trouver sa voie et devenir rentable. Actuellement, les activités comme le VTT ou la randonnée pédestre sont beaucoup moins lucratives que le ski. La location d'un vélo par exemple est très loin de rivaliser avec le prix d'un forfait.
En pratique, la transition vers une offre touristique moins saisonnière et plus durable n’est pas si facile à mettre en œuvre :
• d'une part, le ski représente encore plus de 80 % du chiffre d'affaires en montagne.
• d'autre part, le développement de nouvelles infrastructures de loisirs nécessite généralement de gros investissements au rendement incertain.
La diversification des activités de loisirs dans les stations comporte aussi le risque de transformer les massifs montagneux en parcs d'attractions géants, avec un impact non négligeable sur l'environnement et sur les paysages.
Pour que leurs destinations restent attractives, les acteurs locaux doivent proposer des vacances à la montagne adaptées à chaque période de l'année, tout en valorisant le patrimoine naturel, culturel et gastronomique local et en réduisant l'empreinte écologique des hébergements et des prestations touristiques. C'est un grand défi à relever, mais il en va de la pérennité de leur activité dans les années à venir.