1- Quel est le principe ?
Comme son nom l'indique, la semaine de 4 jours consiste à réorganiser la charge de travail hebdomadaire sur quatre jours au lieu de cinq, sans perte de salaire pour les employés.
Cette mesure est revenue dans le débat public en 2022, à l'occasion de la campagne présidentielle mais aussi en raison d'expériences déjà menées en France et à l'étranger lors de la crise sanitaire ou avant.
2- Comment le travail s'organise t-il ?
Pour les entreprises, instaurer la semaine de 4 jours ne signifie pas forcément réduire le temps de travail.
En effet, cette mesure peut prendre différentes formes : elle peut consister à travailler 35 heures sur 4 jours ou 32 heures sur 4 jours.
Dans le second cas, passer à 32 heures implique de modifier le contrat de travail en temps partiel et d’adapter le taux horaire des salariés pour que leur rémunération reste inchangée.
3- Quelles entreprises l'ont expérimentée ?
Dans des pays aussi divers que la Suède, l'Islande, la Nouvelle-Zélande et le Japon, des filiales de grands groupes comme Unilever ou Microsoft ont essayé la semaine de 4 jours avec le soutien de leurs gouvernements respectifs.
En 2022, ce sont 200 entreprises espagnoles qui expérimentent cette organisation du travail sur 32 heures, grâce à une aide financière de l'État.
Le gouvernement de Pedro Sanchez a approuvé un projet pilote permettant aux entreprises qui le souhaitent de mettre en place 32 heures de travail hebdomadaire réparties sur 4 jours.
En France aussi, certaines entreprises ont pratiqué ou pratiquent encore la semaine de 4 jours.
En 1996, la loi Robien avait permis à 400 entreprises de passer de 39 heures à 32 heures sur 4 jours en les exonérant de cotisations chômage si elles augmentaient leurs effectifs de 10 à 15 %.
La PME de recyclage de matériaux Yprema avait alors adopté la semaine de 4 jours et elle a conservé cette organisation, même après la loi Aubry sur les 35 heures.
Aujourd’hui, Yprema est l'une des rares entreprises en France qui continue à appliquer les accords Robien. Et cela lui a été bénéfique puisqu’elle a augmenté ses capacités de production et son personnel. Elle compte actuellement 90 salariés, contre 42 en 1997.
4- Quels sont les avantages ?
La réorganisation du temps de travail sur quatre jours est positive pour les salariés mais aussi pour l'entreprise.
Les employés sont les premiers gagnants puisqu'ils bénéficient d'un jour de congé supplémentaire leur permettant de planifier des rendez-vous personnels ou des activités associatives ou sportives.
Les salariés qui ont des enfants sont ravis de passer le mercredi auprès d'eux, sans que cette mesure ne change leur salaire ou leur charge de travail.
Les employés y gagnent donc en qualité de vie, ce qui réduit leur niveau de stress et leur taux d'absentéisme. Mais les entreprises y trouvent aussi leur compte car ce système est gagnant-gagnant.
En effet, en améliorant le bien-être des employés, la semaine de 4 jours augmente la productivité. Les entreprises qui l'ont expérimentée ont aussi constaté que le taux d'absentéisme est divisé par deux.
Enfin, cette organisation du temps de travail sur quatre jours a aussi un intérêt écologique. Une étude britannique a démontré que passer à la semaine de quatre jours sans perte de salaire permettrait de diminuer l'empreinte carbone du Royaume-Uni de 127 millions de tonnes par an d'ici 2025, soit une diminution de plus de 21 %.
Ce mode d'organisation du travail permet en effet de réduire les déplacements et la consommation d'énergie des entreprises, liée à la présence du personnel dans les bureaux.
5- Peut-elle être adoptée en France ?
Cette organisation du travail reste minoritaire en France. Selon les statistiques du ministère du Travail, seuls 2,4 % des salariés à temps complet ont une durée hebdomadaire de travail comprise entre 32 heures et 35 heures.
Certaines entreprises ont adopté temporairement cette organisation en raison de la crise sanitaire liée à l'épidémie de Covid-19.
Début 2022, plusieurs candidats à l'élection présidentielle se disent favorables à la semaine de 4 jours pour des raisons sociales et/ou écologiques.
Mais, même si ce sujet s'est invité dans la campagne présidentielle de 2022, la ministre du Travail Elisabeth Borne exclut que l'État puisse généraliser cette mesure. Elle a en effet déclaré qu'"on ne peut pas imposer une telle mesure".
Selon Élisabeth Borne, le choix doit être laissé aux entreprises. La mise en place de la semaine de quatre jours nécessite d’ailleurs des négociations et, dans chaque société, un accord d'entreprise doit définir les modalités de sa mise en œuvre.
