Cancer : manger bio réduirait les risques

Alors que le secteur du bio est en plein essor en France, une étude publiée dans la revue Jama Internal Medecine a fait les gros titres de la presse le 22 octobre dernier. Cette étude suggère que manger bio régulièrement permettrait de réduire le risque de cancer. Des résultats qui demandent toutefois à être confirmés. Explications.


Une étude qui a fait du bruit

Selon une étude épidémiologique réalisée en France et publiée dans la revue Jama Internal Medecine le 22 octobre 2018, manger régulièrement des aliments bio réduirait le risque de développer un cancer d'au moins 25%.
Faut-il pour autant se ruer sur les produits estampillés AB pour prendre soin de sa santé En fait, les conclusions de cette étude très médiatisée sont à prendre avec prudence...

Des données insuffisantes

Les rares données épidémiologiques dont nous disposons à l'heure actuelle ne sont pas suffisantes pour conclure à un effet protecteur de l'alimentation bio sur la santé.
On sait que la manipulation des pesticides (notamment l'exposition professionnelle chez les agriculteurs) est associée à un risque accru de certaines pathologies comme le cancer de la prostate, le Lymphome ou la maladie de Parkinson.
En revanche, le risque pour la population générale à consommer des produits conventionnels cultivés avec ces pesticides n'est pas connu.

Les modalités de l'étude

Pour cette récente étude épidémiologique qui a fait du bruit, des chercheurs français (de l'Inra, l'Inserm, l'Université Paris 13 et le Cnam) ont analysé les réponses de près de 69.000 participants (78% de femmes, âge moyen 44 ans) de la cohorte française NutriNet-Santé.
NutriNet-Santé est une étude en ligne lancée en 2009 et réalisée sur une large population d'adultes volontaires. Son but est d'étudier les relations entre nutrition et santé.
Les données relatives à la consommation d'aliments bio ou conventionnels ont été collectées à l'aide d'un questionnaire de fréquence de consommation (jamais, de temps en temps, la plupart du temps) pour 16 groupes alimentaires.
Des caractéristiques sociodémographiques, de modes de vie ou nutritionnelles ont également été prises en compte dans cette analyse.
Au cours des sept années de suivi de l'étude (2009-2016), plus de 1.300 nouveaux cas de cancers ont été enregistrés et validés sur la base des dossiers médicaux.
Or, une diminution de 25% du risque de cancer a été observée chez les consommateurs réguliers d'aliments bio comparés aux consommateurs plus occasionnels.
Le lien entre Alimentation bio et prévention du cancer était particulièrement marqué pour les cancers du sein chez les femmes ménopausées (- 34% de risque) et les lymphomes (- 76% de risque).
La prise en compte de divers facteurs de risque (facteurs socio démographiques, modes de vie ou antécédents familiaux) n'a pas modifié les résultats.

Une piste à creuser

Les auteurs de cette étude reconnaissent eux-mêmes que l'échantillon étudié n'est pas représentatif de la population générale.
En effet, la cohorte, basée sur le volontariat, comprend 78% de femmes, âgées en moyenne de 44 ans et qui ont une alimentation plutôt saine à l'origine.
"Le lien de cause à effet [entre Alimentation bio et effet préventif] ne peut être établi sur la base de cette étude", souligne d'ailleurs l'INRA.
Par ailleurs, les chercheurs n'expliquent pas pour l'instant comment l'alimentation bio réduit le risque de cancer.
Les auteurs de cette étude émettent deux hypothèses pour expliquer la baisse du risque de cancer :
=> soit une moindre quantité de résidus de pesticides dans les aliments bio
=> soit une teneur plus importante en micronutriments protecteurs (antioxydants caroténoïdes, polyphénols, vitamine C ou profils d’acides gras plus bénéfiques)
D'autres études devront venir confirmer, infirmer ou affiner ces résultats. Affaire à suivre !

Date de création : 2018-11-05
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