La vaccination obligatoire en 5 questions

A partir de 2018, les enfants de moins de deux ans devront être vaccinés contre onze maladies au lieu de trois aujourd'hui. C'est en tout cas ce qu'a annoncé Agnès Buzyn, la ministre des Solidarités et de la Santé le mercredi 5 juillet 2017. Voici les réponses aux questions que les parents peuvent légitimement se poser au sujet de cette vaccination obligatoire.


Quels sont les nouveaux vaccins obligatoires ?

Jusqu'à présent, les seules vaccinations obligatoires étaient celles contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite (DTP).
A partir de 2018, 8 vaccins supplémentaires devraient être rendus obligatoires pour les enfants de moins de 2 ans.
Un texte de loi va être présenté en ce sens au Parlement.
Les vaccins qui sont actuellement "recommandés" pour la petite enfance et qui vont devenir obligatoires sont les vaccins contre :
=> l'haemophilius influenzae B (une bactérie provoquant notamment des pneumopathies et des méningites)
=> la coqueluche
=> l'hépatite B
=> la rougeole
=> les oreillons
=> la rubéole
=> le méningocoque C (une bactérie provoquant des méningites)
=> le pneumocoque (une bactérie provoquant notamment des pneumopathies et des méningites).

Est-ce trop pour un bébé ?

Avec cette mesure, le nombre de vaccins obligatoires va donc passer de 3 à 11.
Concrètement, cela va représenter une dizaine d'injections étalées sur deux ans :
=> un seul et même vaccin suffit pour la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite, la coqueluche, l'hépatite B et l'Haemophius influenzae
=> une injection supplémentaire est nécessaire pour la rougeole, les oreillons et la rubéole (à 12 et 16 mois)
=> une autre contre le pneumocoque (à 2, 4 et 11 mois)
=> une dernière contre le méningocoque C (à 5 et 12 mois).
Mais, selon le ministère de la Santé, ce nombre n'a rien d'exceptionnel car "au moins 70% des enfants reçoivent déjà ces dix injections et 80% d'entre eux au moins huit injections."
De plus, même si tous ces vaccins peuvent sembler beaucoup à supporter pour un jeune enfant, la nécessité de les faire avant l'âge de deux ans s'explique par la façon dont se développe le système immunitaire.

A la naissance, un bébé garde des anticorps transmis par sa mère lors de la grossesse. Ensuite, lors des premières semaines, il élimine ces anticorps maternels et il devient nécessaire de les remplacer.
La vaccination sert précisément à stimuler la fabrication d'anticorps pour "apprendre" au système immunitaire à se défendre contre de futures infections.
Face aux réticences de certains parents, les spécialistes soulignent qu'il y a plus de bénéfices que de risques à faire vacciner son enfant.
Bien sûr, les vaccins peuvent avoir des effets indésirables comme des douleurs au niveau de la piqûre, une rougeur, voire de la fièvre lorsque le système immunitaire se met en route, mais aucune étude n'a prouvé de lien entre les vaccins et des effets neurologiques et musculaires à long terme.

Pourquoi cette mesure ?

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la France (pays où la vaccination a été inventée par Louis Pasteur) est aussi l'un des pays d'Europe où l'on se méfie le plus des vaccins.
Par peur des effets secondaires, par manque de confiance dans l'industrie pharmaceutique ou en raison de doutes sur leur efficacité, les Français sont réticents à faire vacciner leurs enfants.
Or, quand la couverture vaccinale est insuffisante, des maladies mortelles comme la Rougeole réapparaissent. La Rougeole a ainsi causé la mort de dix enfants entre 2008 et 2012.
Selon le professeur Alain Fischer, qui coprésidait le comité sur la vaccination : "On ne pouvait pas rester dans un système avec trois vaccins obligatoires et huit recommandés. Tous ont la même importance."
Et il ajoute que, sans obligation vaccinale, "on peut craindre qu'une fraction non négligeable de la population renonce aux vaccins, y compris aux trois vaccins obligatoires de base, diphtérie-tétanos-polio (DTP)".
Selon le Ministère de la Santé, cette décision répond à une nécessité de santé publique. La vaccination n'est pas seulement un acte individuel, elle est également destinée à protéger son entourage.

Combien cela va-t-il coûter ?

Actuellement, le coût des trois vaccins obligatoires s'élève à 20 euros en tout et il est pris en charge à 100% : 65% par la Sécurité sociale, 35% par l'assurance complémentaire.
Pour les enfants dont les parents n'ont pas de mutuelle, les vaccins peuvent être administrés gratuitement dans les centres de protection maternelle et infantile (PMI) ou les centres de vaccination. 
Même si de nouveaux vaccins deviennent obligatoires en 2018, le système sera le même. Ils seront pris en charge à 100% (plus précisément à 65% par la Sécurité sociale et à 35% par l'assurance complémentaire).

Quelles sont les sanctions prévues ?

Selon le Code de la santé publique, "le refus de se soumettre ou de soumettre ceux sur lesquels on exerce l'autorité parentale ou dont on assure la tutelle aux obligations de vaccination (...) ou la volonté d'en entraver l'exécution" sont punissables "de six mois d'emprisonnement et de 3750 euros d'amende".
Si ces sanctions sont rares, les enfants qui ne sont pas à jour de leurs vaccins obligatoires peuvent être interdits de crèche, d'école, de garderie ou de colonie de vacances.
Pour l'instant, la loi et les sanctions qui l'accompagneront ne sont pas encore définies.
La ministre de la Santé a par ailleurs indiqué que gouvernement travaille sur une clause d'exemption qui ne pourra être motivée que par une raison médicale.

Date de création : 2017-07-10
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