Un changement de stratégie
Les traitements classiques contre le cancer comme la chimiothérapie et la radiothérapie ont pour but de détruire les cellules cancéreuses. Malgré leur efficacité, ces thérapies ont des effets secondaires lourds, ce qui a conduit les chercheurs à explorer de nouvelles stratégies contre la maladie.
En quelques années, la lutte anti-cancer a connu de grandes avancées, avec la mise au point de traitements capables de cibler beaucoup plus précisément les cellules cancéreuses en fonction du type de tumeur.
De plus, pour soigner les cancers qui ne répondent pas aux traitements classiques, les médecins ont adopté une nouvelle stratégie : renforcer le système immunitaire de l'organisme pour que celui-ci se charge de combattre le cancer.
Ce changement de perspective est à l'origine de l'immunothérapie mais aussi de nombreuses recherches en cours sur des vaccins anti-cancer.
Des vaccins thérapeutiques
Contrairement au vaccin contre le papillomavirus qui est un vaccin préventif contre certains cancers (le cancer du col de l'utérus et les cancers ORL notamment), les vaccins anti-cancer sur lesquels travaillent plusieurs équipes de recherche dans le monde sont des vaccins thérapeutiques.
Cela signifie qu'ils n'ont pas pour objectif de prévenir la maladie (comme le ferait le vaccin contre la grippe par exemple), mais de soigner les patients qui présentent un cancer en agissant sur leur système immunitaire.
Il faut savoir que, tous les jours, notre système immunitaire nous protège du cancer car il a normalement la capacité de reconnaître et de détruire les cellules cancéreuses. La maladie apparaît lorsque ce système de défense se détraque, d'où l'intérêt de venir soutenir les défenses immunitaires du patient à l’aide d’un vaccin pour prévenir les rechutes.
Des recherches prometteuses sur les souris
La mise au point de vaccins anti-cancer intéresse de nombreuses équipes de recherche dans le monde, mais toutes ne travaillent pas sur les mêmes types de cancers et n'en sont pas au même stade dans le développement de ces nouveaux traitements.
Dans un article paru le 4 janvier 2023 dans la revue Science Translational Medicine, une équipe explique avoir utilisé, avec succès, des cellules tumorales vivantes modifiées pour détruire la tumeur et induire une réponse immunitaire chez des souris souffrant de glioblastome (une forme de cancer du cerveau).
Ces chercheurs espèrent désormais transposer leur méthode à l'humain pour développer un vaccin thérapeutique. Ils expliquent en outre dans leur publication que leur stratégie thérapeutique ne se limite pas au glioblastome mais est théoriquement applicable à un plus large éventail de tumeurs…
Des vaccins sur mesure chez l'homme
À l'Oncopole de Toulouse, des vaccins thérapeutiques contre le cancer sont déjà expérimentés sur des patients et offrent des résultats encourageants pour prévenir les récidives de cancer ORL et de cancer des ovaires.
L'Oncopole de Toulouse coordonne une étude internationale visant à mettre au point des vaccins anti-cancer thérapeutiques personnalisés. Concrètement, ce type de vaccin reprogramme le système immunitaire du patient afin qu’il puisse empêcher d'éventuelles cellules cancéreuses restantes de se développer.
Une fois que les médecins ont retiré la tumeur, celle-ci est analysée et un vaccin est fabriqué sur mesure d'après les antigènes de la tumeur. Ce traitement personnalisé est administré au patient à la fin de son parcours de soins afin de prévenir les récidives.
Depuis 2021, une dizaine de patients atteints de cancers ORL ont déjà reçu ce type de vaccin thérapeutique personnalisé et ils ne présentent aucune rechute.
L'espoir d'une mise sur le marché d'ici 5 ans
Comme les travaux de recherche évoqués ci-dessus en témoignent, les vaccins anti-cancer ne relèvent plus de la science-fiction mais de la science. L'équipe de l'Oncopole de Toulouse va lancer une étude à plus grande échelle d'ici la fin de l'année 2023, dans l'espoir d'une mise sur le marché de son vaccin d'ici 5 ans.
Cette piste thérapeutique, qui est l'une des plus prometteuses en ce moment, pourrait en outre voir son développement accéléré par la technologie de l'ARN messager, dont on a beaucoup entendu parler au cours de la pandémie de Covid-19.
Le laboratoire allemand BioNTech a annoncé qu'il allait installer au Royaume-Uni un nouveau centre de recherche pour mener, à partir de l'automne 2023, des essais cliniques à grande échelle sur un vaccin à ARN messager contre le cancer. La start-up allemande planche sur le développement de vaccins contre certaines tumeurs du sein, de la prostate et de la peau.
