Fraude alimentaire : Foodwatch lance une pétition pour plus de transparence

L'ONG de défense des consommateurs Foodwatch a lancé fin mars 2021 une pétition pour demander plus de transparence dans le secteur alimentaire et un meilleur encadrement par les autorités. Il faut dire que la fraude alimentaire augmente au sein de l'industrie française et européenne et que la situation a encore empiré avec l’épidémie de Covid-19. Explications.


De quoi parle-t-on ?

La fraude alimentaire désigne la production et/ou la commercialisation intentionnelle de produits alimentaires non conformes à la réglementation.
Il peut notamment s’agir d’aliments qui ne sont pas élaborés avec les bons procédés, qui ne contiennent pas les ingrédients mentionnés sur l’étiquette ou dont l’origine n’est pas celle déclarée sur l’étiquette.
Ces différents types de fraudes sont bien sûr motivées par l’appât du gain. En plus d’être illégales, elles sont aussi potentiellement dangereuses pour la santé du consommateur.

Quelles tromperies constate-t-on ?

Quand la réglementation est volontairement bafouée pour en tirer un gain économique, le consommateur est victime de tromperie.
La fraude alimentaire peut prendre différentes formes qui affectent l’authenticité du produit :
• son origine géographique (comme un miel prétendument de Provence qui vient en fait d’Espagne ou des tomates espagnoles vendues comme des françaises)
• ses caractéristiques biologiques (espèce, type) comme la viande de cheval dans les lasagnes
• sa qualité (avec des faux labels bio, AOP, Label rouge ou IGP Indication Géographique Protégée)
• son calibre avec par exemple des crevettes surgelées ou du foie gras gonflés à l’eau.
Par exemple, la fraude est avérée si l’on vous vend des kiwis italiens conventionnels en les étiquettant comme des kiwis bio de France ou des épices moulues dont le flacon contient du sable pour "faire du volume".

Quelle est l’ampleur du phénomène ?

La fraude alimentaire est beaucoup plus courante que vous l’imaginez et touche tous les produits, même si vous achetez du bio...
Ce problème concernait autrefois avant tout les produits premium, chers et donc souvent contrefaits, comme le safran ou les grands crus de Bordeaux.
Mais aujourd’hui, la complexité croissante des chaînes d’approvisionnement, ainsi que la crise économique et sanitaire incitent de plus en plus d’opérateurs à frauder sur des denrées alimentaires brutes ou transformées (fruits, café, viande, huile d'olive ou miel par exemple).
Selon le Parlement Européen, les 10 produits les plus contrefaits sont :
• les huiles d’olive (qui ne sont parfois que de l’huile de tournesol colorée en vert)
• les poissons
• les produits bio
• le lait et les produits laitiers (faux fromages AOP par exemple)
• les céréales
• le miel et le sirop d’érable (coupés de glucose)
• le café et le thé
• les épices comme le safran, le poivre ou le piment …
• les vin
• les jus de fruits
Selon Ingrid Kragl, présidente de l'ONG Foodwatch et auteur du livre-enquête Manger du faux pour de vrai, la fraude alimentaire est un fléau que les autorités n’arrivent pas à endiguer.
Les chiffres qu’elle donne dans son ouvrage sont alarmants :
une épice sur deux est frauduleuse, en particulier le poivre (2 sur 3 sont trafiqués) et le safran dont 81% de la commercialisation est touchée et remplacée par de la fleur de carthame, 500 fois moins chère !
43% des miels présentent un défaut de composition, de qualité ou sont faussement étiquettés français.
• dans la filière de la volaille, un producteur sur deux triche sur les labels de qualité fermiers comme l’AOP, le Label rouge ou l’IGP.
• même les produits bio sont touchés : plus de 8% des produits bio présentent des anomalies, soit un produit bio sur douze. C’est encore pire dans les Alpes-Maritimes où un tiers des produits bio ne le sont tout simplement pas !

Comment faire bouger les choses ?

Dans son livre de 400 pages, Ingrid Kragl a mené l’enquête et passé au crible toutes ces fraudes alimentaires, qui sont le fait de réseaux criminels ultra-organisés.
Ce marché juteux pèserait plusieurs dizaines de milliards de dollars à l’échelle mondiale !
"La fraude alimentaire est un phénomène croissant mais savamment occulté tant par nos autorités que l’industrie agroalimentaire et la grande distribution qui sont parfaitement au courant", affirme l’auteur.
C’est pourquoi, parallèlement à la parution de ce livre, l’ONG Foodwatch a lancé une pétition pour obtenir des autorités françaises davantage de transparence et de contrôles dans le secteur alimentaire.
Depuis sa mise en ligne le 25 mars 2021, cette pétition intitulée #DuFauxPourDeVrai : plus de transparence sur les fraudes alimentaires a recueilli des milliers de signatures.
Si vous aussi, vous voulez agir contre l’opacité qui règne dans nos assiettes, vous pouvez signer la pétition en ligne sur le site de Foodwatch (lien ci-dessous).

Date de création : 2021-04-01
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